A cause de la neige, nous n’avions pas pu avec le sanglier finir la reco de l’UTCAM. Avec ces dernières chaleurs, sûr qu’il n’y aurait plus rien. Toute la neige au dessus de 2000m aura fini de fondre.
Il ne nous restait plus qu’à trouver un itinéraire pour faire une boucle et emprunter le plus possible la fin de l’itinéraire de l’UTCAM. C’était décidé! On partirait du parking des Milefonts pour rejoindre le Col du Barn pour ensuite plonger sur le Vallon de Mollières. Il nous suffira alors de passer le Col de Salèse pour ensuite descendre en direction du Boréon pour croiser enfin la trace de l’UTCAM. L’objectif étant de passer par le Mont Archas et Pépoiri! Une quinzaine de kilomètres pour rejoindre le parcours de l’UTCAM et tout autant pour rentrer. C’est décidé, vendredi, après le boulot, on charge la voiture et direction le parking des Milefonts pour établir le camps de base.
On arrive en tout début de soirée, personne sur le parking! Première chose: organiser le camps et trouver du bois si on veux cuire nos grillades. On lance le feux, on organise le couchage et on se fait notre petit apéro.
Des voisins arrivent, ils s’installent à bonne distance. Le ciel est un peu couvert mais un petit vent pas trop frais souffle histoire de dégager le ciel. On s’est fait péter le bide avec saucisses, camembert à la braise et p’tit brownie au chocolat. Le tout avec un p’tit coup de rouge. C’est donc repu que l’on se glisse dans nos duvets. Le programme TV du soir? Ciel étoilé derrière une fine couche de nuage. Il sera juste perturbé par les feux d’une voiture qui arriva un peu tard…
Bonne nuit!
Réveil 5h30! On plie le camps, on avale une boisson chaude qui est la bien venue car le fond de l’air est un peu frais. Le réveil musculaire est un peu dur et les jambes sont un peu longues à se mettre en route. Les voisins d’un soir dorment encore. Il nous faudra une heure et quart pour atteindre le Col du Barn.
Au sommet le panorama est juste incroyable.
On passe en dessous de la barre des 2200 m et on retrouve une végétation luxuriante. La descente est sympa et les jambes sont enfin là. Jusque là tout va bien, on est en pleine tempête de ciel bleu et il ne fait pas encore trop chaud. Des conditions idéales, le pied intégral.
Le col de Salèse est une simple formalité, on croise quelques lèves-tôt sur des vélos ou dans des chaussures de rando. Encore quelques kilomètres et on sera sur la trace de l’UTCAM, bientôt le plat de résistance de la journée… Avant de démarrer l’ascension du Mont Archas, un p’tit brin de toilette dans l’eau glacé d’un torrent. On en profite pour faire un petite séance de cryo sur les pieds et les mollets car c’est un 1000 dm+ qui nous attend sur environ 7 km… çà va piquer. J’arrive à peine à suivre le sanglier sur le premier kilomètre que déjà il me distance. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai le désagréable sentiment que la journée va être longue et que je fais devoir jouer du mental. Allez pas de stress, on est en mode reco et il fait super beau. On en profite pour ancrer sur le parcours pas mal de sensations et d’info en vue du jour J.
Je n’avance pas, j’ai beau desserrer le frein à main, j’ai l’impression de marcher à reculons. J’arrête de regarder la Spartan…j’avance pas! Heureusement que le sanglier est loin devant, je jure comme un charretier…tous les noms d’oiseaux pleuvent. Je traine ma carcasse jusqu’a un gros rocher. En bas le barrage du Boréon, une superbe vue. Là, le sanglier m’attend et me lâche t’as une pauv’ tête mon Man. Sourire de façade pour la photo. Une heure et 15 min qu’on a commencé l’ascension. 400 dm+ d’avalé, il en reste encore 600. Je mange un rouleau de réglisse, je serre les dents et on repart. 45 minutes plus tard plus de son et plus d’image! Je commence même à envisager secrètement de demander au sanglier de penser à un plan B. Une heure après, on décide de faire une pause casse croûte: saucisson, fromage, une compote. 20 minutes de récupération et on relance la machine pour atteindre le sommet. De plan B il n’y aura pas, le verdict de la carte IGN est sans appel, pas d’échappatoire envisageable, on est trop engagé. Et cerise sur le gâteau le temps change a la vitesse V, V prime. Le ciel devient de plus en plus menaçant. De gros nuages bien noirs s’accumulent au dessus de nos têtes. La météo n’annonçait rien de tel, on avait vérifié le matin même avant de partir. Enfin le sommet, 3 heures de pure souffrance pour avaler 1000 dm+ et comme pour célébrer notre arrivé le tonnerre se faite entendre et les premières gouttes se fond sentir. Juste le temps d’enfiler un vêtement pluie et le sanglier me lâche va pas falloir trainer dans la descente… sauf que la descente de l’Archas c’est du costaud. C’est un champ de mines avec de l’herbe qui est super glissante avec la pluie et mes quadri me font affreusement souffrir.
Les grêlons nous arrivent sur la tête!
La pluie se tranforme en grêle puis en grêlons; Malgré nos vêtements pluie on est détrempé et glacé jusqu’aux os. Il faut descendre au plus vite, on est à terrain découvert et la foudre est déjà tombée à deux reprise pas très loin de nous, on en mène pas large. On est à 2300 m d’altitude et autour de nous y a pas grand chose qui fera office de pare à tonnerre… J’essaie de descendre le plus vite possible mais les chutes s’enchainent, rien de méchant, je glisse sur l’herbe et vue la valeur de pente, je me couche littéralement sur le dos à chaque fois, mes jambes me lâchent. Si je n’avais pas si mal aux quadri je crois même que j’en aurais rigolé. Une cabane de berger à l’horizon, on se met à l’abri à l’intérieur quelques minutes. Le temps se dégage, une accalmie, on repart! On ne traine pas, perdre un maximum d’altitude au plus vite et s’éloigner le plus possible de cet orage, un peu trop violent à notre goût.
1900 m d’altitude, la forêt est presque là! Mais comme pour nous punir l’orage revient sur nous. Il semble encore plus violent, çà pète de tous les côtés, les grêlons nous frappent violemment et leurs vitesses d’impact augmentent avec les rafales de vent. On en mène pas large et on continue notre descente. Un drôle de moment à se souvenir lors de la course. Enfin l’orage se décale, le ciel se dégage et le bleu revient. On fait un point. On sort la carte pour regarder les différentes options qui s’offrent à nous. On regarde en direction du Pépoiri, le ciel à l’air de s’éclaircir. Après 10 minutes d’hésitation on décide de rester calé sur le plan initial. Direction le Mt Pépoiri puis descente finale sur Milefonts.
Je serre les dents car on part pour avaler 1000 dm+ sur 5 bornes avec au total un bon 10 km. L’entraînement ne sera pas que physique, il sera aussi et surtout mental, c’est bon çà.
En montant en direction de Mt Pépoiri on trouve trace des grêlons qu’on a pris sur la tronche (et çà fait super mal). Ils sont tombés il y a plus d’une heure, vous dire leurs tailles initiales.
Vivement que cela se termine, là je suis vraiment dans le dur. L’ascension du Mont Pépoiri : 1000 dm+ sur un peu plus de 5 bornes çà pique les jambes et le mental. Je suis en mode OFF, plus trop lucide. J’avance, c’est tout! Je crois même que j’ai engueulé mon pote le sanglier sans le vouloir. Pas loin de 10 heures qu’on est parti… je débranche le cerveau et laisse aller jusqu’au parking des Milefonts.
J’avais la charge de la logistique alors je sais que bientôt je pourrais prendre une douche et boire une bière bien fraîche. Et oui j’embarque souvent une douchette solaire et une glacière bien garnie pour l’arrivée.
Juste avant le parking on croise un troupeau de mouton. C’est aux sons des aboiements des patous, des cloches, des bêlements des moutons et des cris du berger que nous terminons (enfin) cette dernière reco. L’analyse papier et les quelques tronçons de reconnaissance confirme ma première analyse : c’est sûr la course de l’UTCAM démarre à mi-course, les vrais difficultés démarrent après Roquebilière…
La Spartan m’a encore lâché… pas assez de batterie.
Bilan de la journée environ 35 bornes, 2730 dm+ et 11h15 d’effort. P’tit calcul rapide dans ma tête de grand malade, je viens quasiment de faire 1/4 de l’UTCAM (145km, 10 000 dm+ en 50 h maxi). Sur le papier çà rentre…et çà sa booste le mental!
Merci au sanglier pour cette sortie mémorable! Lui il faudra que je vous le présente. Il mérite à être connu!